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  • Photo du rédacteurPhilippe Denis

Pour partir du bon pied



Considérez cet article comme une suite du texte « L’humanité en mauvaise posture » que j’ai écrit il y a quelques semaines. J’espère que l’information supplémentaire que je vais apporter ici permettra de comprendre comment la posture fonctionne, et de façon plus importante, comment elle s’apprend.


Comme j’ai dit dans mon autre article, la posture, contrairement à toutes les idées reçues, n’est ni volontaire, ni contrôlée par les muscles. Tout comme la digestion et les battements de cœur, elle appartient à une série de réflexes involontaires qui résultent d’un apprentissage qui se fait essentiellement en début de vie.


Cet état des choses est important à comprendre, particulièrement pour les nouveaux parents. En effet, le nouveau-né prendra plus ou moins un an avant d’apprendre à se tenir debout. Ses réflexes posturaux résultent de l’apprentissage ardu par lequel il doit passer afin d’en arriver à se tenir en équilibre sur ses pieds.


CE QU’IL FAUT COMPRENDRE


L’être humain est appelé à se tenir debout. C’est une caractéristique importante de notre évolution. Par contre, même si nous sommes tous programmés pour le faire (Aucun bébé ne s’est dit : « Ah non c’est pas pour moi »), la compétence de la position debout et de la marche sont des compétences acquises. Autrement dit, même si nous marchons tous (sauf exception dans les cas de handicap), la compétence résulte tout de même d’un apprentissage. Si la qualité de cet apprentissage est, disons…médiocre, la position debout, la marche (et par extension, la course), présenteront des lacunes.


MOVE IT, MOVE IT, BABY


Initialement, le cerveau humain se développe par le mouvement. Je ne sais pas s’il est utile de lire du Molière à son bambin de deux mois, mais je sais qu’il est de la première importance de laisser le mouvement s’exprimer. Comme les enfants naissent sans aucun contrôle moteur ni coordination, il faut comprendre que c’est par l’intermédiaire de ses sens qu’il apprendra à se servir de ses muscles correctement. En effet, les sens, en particulier le sens du toucher, sont particulièrement sensibles en début de vie, et c’est par l’intermédiaire de ceux-ci que l’enfant apprend à faire maturer la compétence du mouvement. Comme cet maturation permet au cerveau de faire ses connections, l’apprentissage par le mouvement permet également de développer ses capacités cognitives.


LES OBSTACLES


Le succès de ces apprentissages dépend donc de la stimulation sensorielle auxquelles les nouveaux nés sont exposés, ainsi que de l’expression libre de leurs mouvements.

C’est là que les problèmes commencent. Dans nos sociétés modernes, nous sommes équipés de commodités qui nous permettent de nous faciliter la vie, mais qui créent de nombreux obstacles à nos premiers apprentissages. Je vais ici vous en dresser une liste sommaire, mais comme je veux garder ce texte relativement court, je vais devoir donner plus de détails dans de prochains articles.


Les souliers : C’est tu pas cute des ti souliers de bébé? Le problème, c’est que le pied est coupé du monde extérieur. La sensibilité du pied est absolument essentielle pour que l’enfant apprenne le contrôle moteur de la jambe et du bassin, ce qui lui permettra de développer ses compétences de locomotion. Même lorsque l’enfant est en âge de marcher, un soulier très minimaliste serait à privilégier. Et non, l’enfant n’a pas besoin d’un soulier qui supporte la cheville. Personne n’en a besoin d’ailleurs. Une cheville instable manque de compétence motrice. Devinez ce qu’il faudrait faire pour développer cette compétence. Je crois qu’on se comprend.


Les obstacles au mouvement libre : Ils sont nombreux. Il faut partir du principe que les bébés doivent avoir la pleine mobilité de leurs membres et de leur champ de vision. Il faut également tenir compte du fait que la position de l’enfant doit respecter les étapes du développement. Tout ce qui empêche le nouveau-né de bouger, tout ce qui l’incite à ne pas se déplacer, représente un obstacle à l’apprentissage moteur. On peut ici porter l’attention sur les dispositifs et les habitudes suivantes :


-Les bassinettes : L’enfant se déplace. Même dans le sommeil, le cerveau crée des situations d’apprentissages par le mouvement. Si vous laissez l’enfant s’endormir au milieu d’une pièce vide, vous pouvez le retrouver dans un coin de la pièce le matin suivant. Un lit de bébé avec ses barreaux ne permet pas à l’enfant de profiter de cette période de la journée.


-Les mobiles : Si tout est à portée de main, il n’y a pas d’incitatif à initier les mouvements d’exploration.


-Les sièges d’auto : Ou tout ce qui a tendance à verticaliser l’enfant avant le temps. L’apprentissage de la position debout se fait dans un ordre établi. On commence par se retourner, ramper, s’assoir, marcher à 4 pattes pour finalement se lever debout. L’enfant adore se retrouver à la verticale. Mais si cette position ne vient pas de lui, les étapes antérieures risquent fort de ne pas être correctement intégrées.


-Les Jolly jumpers et les marchettes : Les marchettes sont désormais interdites au Canada pour des raisons de sécurité. Par contre, les jolly jumpers sont très répandus et selon moi, devraient également suivre cette interdiction. Encore le problème de verticalisation précoce. Si vous en avez un, rendez service à votre enfant et sacrez-le aux vidanges.


-« L’entraînement à la marche » : Vous savez, le fait de tenir l’enfant par les mains pour le faire marcher? « Oh regarde c’est donc ben cute, il marche » Non il ne marche pas. Et personne ne marche les deux bras dans les airs. Il apprend à marcher en commençant à se déplacer sur le ventre en rampant. Respectez les étapes. Ah oui, et oubliez un peu les livres sur le développement. Si votre enfant commence à marcher un peu plus tard, ce n’est pas dramatique. En cas de doute, consultez un pédiatre.


-Le refus de placer un enfant sur le ventre : Ce sujet est un peu plus controversé. Il existe certaines mises en garde par rapport à cette pratique en raison notamment du fait qu’on veut éviter que l’enfant ne s’étouffe. Les recommandations des pédiatres de coucher les bébés sur le dos ont en effet permis de réduire les cas de mort subite du nourisson. Par contre, la position sur le ventre est de la plus grande importance afin de développer le contrôle des muscles extenseurs. En tant que parent, placez l’enfant sur le ventre (durant la journée ou lors de la sieste) et exercez une surveillance si ça vous rassure. Il n’aimera pas la position car la compression des poumons et l’obligation de relever éventuellement la tête est inconfortable (mais combien nécessaire). L’école de la vie, c’est dur.


EN CONCLUSION


Nos sociétés modernes nous ont apporté beaucoup de confort et de commodités. Les avantages sont immenses. Par contre, comme toute bonne chose vient avec des inconvénients, beaucoup de nos habitudes modernes et de nos installations ne sont pas entièrement compatibles avec le développement humain normal. Il est difficile d’aller contre les habitudes que notre culture nous impose, mais le fait de savoir ce que les enfants ont besoin d’un point de vue développemental peut grandement aider les parents à accompagner leur enfant sur le chemin de la vie.


Sources:













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